Genève, 25 octobre
Quand on arrache un œil à un homme sans défense, ça s’appelle comment? Quand, à la femme de cet homme, ligotée dos à dos avec son mari, on tranche un sein, ça s’appelle comment? Quand, aux enfants de ce couple, 6 et 8 ans, témoins de ce qui précède, on coupe à l’un les doigts d’une main et à l’autre un pied, ça s’appelle comment? Quand, après avoir achevé cette famille et mangé un petit morceau à la table de celle-ci, histoire de reprendre des forces, on se rend dans la maison voisine pour y éventrer une femme enceinte, en extraire son fœtus, le poignarder à son tour, puis décapiter sa mère, ça s’appelle comment? Quand, une maison plus loin, on attache deux enfants ensemble et on les brûle vifs, ça s’appelle comment?
Barbarie? Torture? Sadisme? Terrorisme? Sauvagerie? Monstruosité? Atrocité? Horreur? Cruauté? Inhumanité? Bestialité?
Faites votre choix. Notre langue n’est pas avare en nuances, encore que le terme de bestialité soit à vrai dire injuste pour nos cousins animaux, qui ne font jamais de telles choses. En tout cas, mettons-nous d’accord: il ne s’agit pas d’actes de résistance, de faits de guerre ou d’exploits militaires. Aucun de ces termes ne peut s’appliquer aux actions évoquées ci-dessus et commises à grande échelle le 7 octobre dernier par le Hamas, sur des populations juives sans défense. Ce furent des actes de barbarie. Point à la ligne.
Ceux parmi nous qui mettent dans la même balance cette barbarie et les bombardements que l’armée israélienne inflige à Gaza depuis ce funeste 7 octobre se trompent. Si les bombes israéliennes font des victimes civiles (et elles en font, et bien trop) elles ne les visent pas. Ce qu’elles visent, ce sont des infrastructures militaires ou paramilitaires implantées à dessein dans des zones habitées afin de s’abriter, en flagrante violation des Conventions de Genève, derrière d’immenses boucliers humains.
Attaquer ces infrastructures mortifères – pas par vengeance, mais pour protéger sa population – est légitime. Mais… contrairement à cet islam perverti et pervers qui est celui du Hamas et pour lequel la plus haute vertu est celle de la mort – celle du Juif haï, celle du blasphémateur, celle de la femme infidèle, celle de l’homosexuel et celle même du «héros» qui l’aura donnée au prix de sa propre vie – dans le judaïsme, c’est la vie qu’on célèbre. Une vie que la Bible et ses prophètes nous exhortent à protéger par la recherche de la justice (tzédek) et de la paix (shalom).
Dans une tribune libre du «Monde» (10.7.2001), Jean Halpérin, mon oncle de mémoire bénie, rappelait ces impératifs anciens: «La justice, la justice, tu la poursuivras» (Deutéronome 16, 20), et «Recherche la paix et poursuis-la» (Psaume 34, 15). Il soulignait que cette quête de justice et de paix est de notre responsabilité, que nous ne devons pas nous en décharger sur autrui.«Je suis attaché à la paix, dit encore le verset 7 du Psaume 120, mais j’ai beau parler, eux sont pour la guerre.»
Cette phrase n’est pas un constat fataliste selon lequel je serais seul à vouloir la paix. C’est plutôt une manière de me faire comprendre que pour parvenir à la paix, il ne suffit pas de se donner bonne conscience en en parlant. Il faut agir.Aujourd’hui, malgré la tragédie qui se déroule sous nos yeux et précisément à cause d’elle, il me paraît urgent de mettre en œuvre ces appels. En commençant par renoncer à l’escalade de la violence et en répondant à celle-ci par le relancement actif et généreux de propositions de paix.
C’est un défi incroyablement difficile, dont on peut même douter qu’il soit compris par les adversaires à qui il devrait aussi profiter, mais Israël a la force d’âme qu’il faut pour le porter.
Daniel S. Halpérin
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– Un défi incroyablement difficile
Courrier des lecteurs